Daniel(le)s
Daniel(le)(s) est un spectacle poème dont l’objet est la constitution de l’identité au moment de l’adolescence. Ce que l’on est et ce que l’on devient en fonction du monde qui nous entoure. Comment se définir sans se limiter à l’archétype des catégories toutes faites? Quelle est la part de choix et celle de la nécessité dans le fait de se reconnaître dans un groupe, pour la constitution de l’être?
L’identité est d’abord une relation à soi dans le temps, mais cette relation est influencée par le regard des autres, l’altérité. On est ce qu’on est en fonction de notre propre histoire mais aussi d’un contexte, d’une appartenance sociale et culturelle. Dans la société actuelle, la problématique de l’identité est omniprésente : identité religieuse, culturelle, sexuelle, ethnique… Beaucoup de revendications sont générées par ce mot : identité nationale, identité de genre, religion identitaire…
Par ailleurs, la publicité ne cesse de mettre en avant le fait d’être naturel, original, spontané, libre, tout en reliant ces qualités à des diverses marques. «Be Yourself» réclame des tee-shirts en exposant des photos de mannequin aseptisées par photoshop et en vendant des produits fait en série.
Peut-être aujourd’hui plus que jamais chaque genre est marqué par des signes extérieurs qui, si ils donnent l’apparence d’une liberté de paraître, enferment celui qui les arbore dans une catégorie toute faite. Ne sommes-nous que les archétypes de ces tendances?
Qui sommes-nous sans ces signes qui nous définissent dans une certaine société ? Dans quelle mesure l’habit fait-il le moine?
Ce spectacle part de l’ambition d’ouvrir un espace de réflexion sur cette notion ambigüe d’identité. Notion qui, finalement, met autant en valeur ce qui nous rapproche que ce qui nous distingue des autres. Le public le plus intéressant et intéressé par la question nous a paru de toute évidence l’adolescent. Cet âge de grande fragilité où l’on se découvre à travers le rejet ou/et l’adoption de modèles. Il nous semble particulièrement important d’affirmer que l’identité ne se résume pas à la notion galvaudée par le monde politique ou publicitaire, mais à une notion beaucoup plus complexe et plurielle qu’une histoire d’ethnie ou de tendance.
Au travers des questions simples nous établissons des situations et des actions visant à perturber la sensation de l’autre.
Dans une grande liberté d’inspiration, par le théâtre, la danse et la vidéo nous mettons en scène un univers mouvant, où l’individu doit toujours se redéfinir pour se retrouver, toujours changer pour s’accorder au milieu extérieur, à l’image d’Alice dans De l’autre côté du miroir qui se déplace pour rester au même endroit.