Puissantes

Texte provisoire :

Cette nuit, Maël-le, Kadija et Sonik ont rendez-vous près du pont du Canal. Cela fait quelques soirs qu’elles se faufilent dans le noir et vont coller leur rage sur les murs. En lettres noires et rouges, elles forment des phrases qui dénoncent ou donnent de l’espoir, visibilisent les injustices vécues et exorcisent leur peine.

Mais ce qu’elles font, c’est interdit. Mettre des mots sur les murs, on n’a pas le droit. Ça porte atteinte à l’espace public – public pour qui ? pensent Maël-le, Kadija et Sonik. La police rôde dans le centre de la Ville, colle des amendes et intimide avec des mots, parfois des coups.

Alors ce soir, leurs guibolles tremblent. La peur les accompagne.

Durant la nuit, Maël-le, Kadija et Sonik collent trois phrases sur les murs de la Ville. Ensemble, soudées malgré la peur, elles se protègent les unes les autres, elles se tiennent chaud.

Au fur et à mesure de leur parcours, des rencontres qu’elles font, leurs corps d’abord crispés de crainte se détendent. Mus par une colère qui les rend plus fortes, leurs corps résistants courent, escaladent des murs, s’empouvoirent jusqu’à ce que la colère se transforme en joie…

La joie de résister, d’agir, de dire et d’être ensemble. La joie de refuser collectivement les chemins tracés depuis des siècles pour en inventer d’autres, plus libres, plus justes.

Dans cette fable, la compagnie 3637 veut parler de révolte : comment dire non à toutes les injustices qui subsistent dans notre société quand on est un.e adolescent.e ?

Nous pensons que le collectif, l’écoute de ses sensations et de son corps, sont des pistes puissantes. C’est pourquoi ce spectacle pour trois comédiennes s’adresse d’abord au corps et aux émotions des spectateur.ices avant de passer par leur intellect. En mêlant musique, mots, mouvements et images, nous développons un langage poétique qui transmet la colère et la rage, mais aussi la joie et l’empouvoirement qui naissent de l’action.